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Sur le coteau de Montuzet se situait un sanctuaire dédié à la Vierge, appelée Notre Dame de Montuzet. Ce monument aujourd’hui disparu a été un élément capital de l’histoire de la commune.

  

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L’origine de cette dévotion est rapportée par de nombreux historiens du XVIIIe et du début du XIXe. Ils s’appuient sur les statuts de la Confrérie de N.D. de Montuzet, réédités en 1818, qui l’attribuent à CHARLEMAGNE et à son vœu solennel après sa victoire sur les Sarrasins. La découverte en 1850 d’un trésor monétaire mérovingien daté de 730-735, près de l’emplacement de l’ancienne chapelle, a sans doute conduit des auteurs plus récents à attribuer cette fondation à EUDES d’Aquitaine, au retour de la bataille de Poitiers de 732. Même s’il faut accorder peu de crédit à ces explications, il n’en reste pas moins que ce culte marial est très ancien, attesté par de nombreux témoignages.

Des pèlerinages de marins s’organisent très tôt et une Confrérie de gens de mer est créée dans le courant du XIIIe siècle. Son siège est à Plassac, mais devant  son expansion, il est transféré à Bordeaux, en dernier, en l’église de Saint-Michel et la fréquentation du sanctuaire ne fait que s’accroître. Mais c’est avec le passage de LOUIS XI,  dont la dévotion à Saint Michel et à la Vierge est bien connue, que la chapelle et le couvent prennent de l’importance. Le roi réorganise la Confrérie en 1461, fixe les statuts par un édit royal ; il précise l’obligation d’un pèlerinage annuel à Plassac et souhaite que ses successeurs viennent renouveler le vœu de CHARLEMAGNE. C’est ce que firent CHARLES VII en 1486, FRANCOIS Ier en 1526, HENRI IV en  1609, LOUIS XIII en 1615 et LOUIS XIV en 1659. Ce dernier présida même une séance de la Confrérie.

Le sanctuaire est desservi par le curé de Plassac et les nombreuses visites épiscopales, en  particulier au XVIIe siècle, permettent de suivre l’état du monument, les réfections nécessaires. Mais la charge est lourde et, en 1651, l’Archevêque de Bordeaux, HENRY de BETHUNE, sépare la chapelle de la paroisse et confie l’administration à la Congrégation des prêtres du clergé. En 1682, ce sont les Lazaristes qui sont chargés du service du sanctuaire et du pèlerinage. Ils gèrent, non seulement le service religieux, mais ils assurent aussi l’entretien des bâtiments et ont un rayonnement qui dépasse largement le domaine paroissial. De nombreuses personnalités viennent faire retraite pour vénérer la Vierge et les reliques d’une martyre, Sainte Fructuose, reliques dont la translation à Plassac, est datée de 1692. Vers la fin du XVIIIe siècle, un projet de construction d’un logis neuf est présenté pour permettre d’accueillir des retraites personnelles; le plan montre une chapelle, un enclos de vignes, un jardin, des dépendances.

 

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Ce domaine est vendu aux enchères publiques le 28 décembre 1792.  Après la dispersion du patrimoine une lente destruction fait disparaître les bâtiments. Il ne reste rien de la chapelle et du couvent sur le cadastre de 1834 alors qu’une carte de 1716  montrant les environs de Blaye situe bien la chapelle.

Un mur mitoyen appelé « la muraille des pères » est démoli en 1852. Seul vestige des dépendances encore visible, une pierre encastrée dans un vieux mur avec l’inscription « SANTA MARIA SUCCURE MISERIS 1656 ». La statue de Notre Dame de Montuzet et les reliques de Sainte Fructuose, cachées pendant la Révolution par le maire FOMBERTEAUD, sont de nos jours dans l’église paroissiale…. avec la statue de Saint CHARLEMAGNE.

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Crédits photos: 1-3-4-5: Claire STEINER 2012 (A.N.), 2-6: Christian MICHEL 2016