Le tragique destin d’un élève du lycée Jaufré-Rudel pendant la guerre 1939-1945
Gilbert Georget est né à Plassac en 1926. Après avoir commencé sa scolarité à l’école de la commune, il entre au collège Jaufré-Rudel (on ne parle pas encore de lycée à l’époque). En 1941, à Blaye comme dans toute la « zone occupée », la présence de l’armée d’occupation allemande est pesante. Elle se ressent particulièrement au collège ; des véhicules militaires sont stationnés dans la cour et la garde est assurée par des soldats en armes. Les circulaires rectorales demandent à tous les membres de la communauté éducative et aux élèves de s’abstenir de toutes manifestations qui pourraient passer pour des provocations aux yeux de l’autorité allemande. Les familles ont été prévenues que des sanctions graves pourraient être prises à l’encontre des élèves qui ne respecteraient pas ces consignes. |
C’est dans ce contexte très tendu que le jeune Gilbert (il a 15 ans) dessine sur une page de son cahier de préparation anglaise ce qui à ses yeux symbolise sans doute son espérance. Ce dessin représente deux drapeaux unis, le français avec une croix de Lorraine et l’Anglais ; un soldat avec un casque de « tommy » joue du clairon ; en gros caractères, figure la mention « France Libre ». Le professeur d’anglais voit ce dessin, fait un rapport au principal. Celui-ci réunit immédiatement le conseil de discipline. Le 13 juin 1941, l’exclusion de Gilbert Georget est prononcée. Dans sa lettre informant la famille, le principal motive cette décision par le risque que ce cahier soit égaré et tombe dans les mains de l’occupant avec les conséquences prévisibles pour l’établissement et ses fonctionnaires.
Obligé d’arrêter ses études, Gilbert Georget part travailler à l’usine Desmarais à Blaye. Cette usine est bombardée le 5 août 1944 : Gilbert meut au cours de ce bombardement… Il repose dans le cimetière de Plassac.
Cette triste destinée sera évoquée par le comité de Libération de Blaye en septembre 1944.
Lors de la célébration du 150ᵉ anniversaire du lycée Jaufré-Rudel, le nom de Gilbert Georget fut donné à une salle, juste reconnaissance pour un élève qui avait manifesté son attachement à sa patrie.